(Tiré de Duché d'Aarkonie)
Le Conseil des Ombres était une sombre assemblée qui dirigea longtemps les clans de Draenor et plus tard, la Horde elle-même. Il était composé de chamans dévorés par la corruption démoniaque et qui devinrent des sorciers. Il fut dirigé par Gul'dan, le plus puissant des orcs de Draenor. Lorsque Doomhammer prit le pouvoir, il tortura Garona pour la forcer à lui révéler l'emplacement du Conseil. L'information ayant été divulguée, il massacra tous les sorciers, à l'exception de Gul'dan qui promis de lever une armée de chevaliers morts-vivants pour la Horde. Cependant, quand Doomhammer apprit la trahison des clans de Stormreaver et Marteau du Crépuscule, il ordonna le meurtre pur et simple de tout le Conseil des Ombres, qui cessa d'exister à la mort de Gul'dan, définitivement ?
*Ce texte ancien a été écrit de la main même de Gul'dan*
[...] C’est avec la fureur d’un ouragan, que nous nous abattîmes sur les terres de Dranei, dévastant et détruisant tout sur notre passage. Aucune vie ne fut épargnée. Aucune bâtisse ne fut laissée debout. Rouges du sang des Draneis étaient les champs qu’ils avaient cultivés depuis cinq mille ans. Apre était l’odeur dégagée par les corps de leurs jeunes guerriers brûlés vifs sur les feux de joie célébrant notre victoire. Ainsi mourut le peuple Dranei qui finalement avait toujours fait preuve de faiblesse. Il ne méritait guère l’application que nous avions mis à l’exterminer. L’aisance avec laquelle nous avions remporté cette victoire éclatante ne faisait qu’accentuer leur infériorité...
Ainsi en fut-il toujours pour mes semblables. Le penchant des masses pour la brutalité et la barbarie est aisément manipulé par ceux qui détiennent le vrai pouvoir. C’est bien le pouvoir qui fait avancer la Horde, cette formidable machine de destruction. Certains pensent être les détenteurs de ce pouvoir et rallient d’autres clans sous la bannière de la violence. Pourtant, en l’absence d’un adversaire commun, il ne reste aux chefs des orcs qu’à se battre entre eux. C’est la soif de destruction qui anime ces barbares. Il n’est pourtant qu’une et une seule motivation honorable : le pouvoir.
Moi, Gul’dan, maître de tous les Sorciers et Initiateur du septième cercle du Conseil des ombres, connaît mieux que quiconque le sombre et ardent désir que peut inspirer le pouvoir, le pouvoir absolu. Les Chamans de mon clan m’enseignèrent dès le plus jeune âge les arcanes de la magie des orcs. Je canalisais les froides et maléfiques énergies de l’Enfer sinueux avec aisance et naturel. Mes dons me valurent rapidement d’être remarqué par les autres Chamans. Très vite je compris que Ner’zhul lui-même, le plus puissant de mes maîtres enviait mes pouvoirs qui ne cessaient de s’affirmer. Mes ambitions surpassaient celles de mes pairs aussi bien que celles de mes maîtres, car je n’ignorais pas que leur champ de vision était limité par le dévouement qu’ils portaient à la Horde et à son avenir. Je n’avais que faire pour ma part des mesquines querelles des orcs. Je n’avais que faire de ce monde que nous dominions entièrement. La seule chose qui m’importait était d’appréhender les mystères insondables des Ténèbres de l’au-delà. J’avais déjà en secret entrepris d’explorer des énergies dont mes précepteurs ne soupçonnaient pas même l’existence.
C’est alors que je découvris le Démon Kil’jaeden. J’avais pour son insensible et glaciale fureur une admiration sans limite. Assister à la démonstration de ses pouvoirs suffisait presque à me consumer. Furtivement, lors d’un cauchemar fébrile qu’il m’avait envoyé, je touchais du doigt l’essence de l’au-delà. Je fus alors littéralement envahi par un désir inassouvi, la volonté de dompter la force des ouragans spirituels, l’envie de piétiner le cœur mourant des astres en fusion. Sous la tutelle de Kil’jaeden je pris conscience de l’insignifiance de mon propre savoir. Je pris connaissance de l’histoire insoupçonnée des Démons antiques, des dimensions magiques primitives. J’appris l’existence de mondes inconnus, innombrables poussières dispersées dans les ténèbres par delà nos horizons. Seul un être de mon envergure pouvait envisager de mener la Horde à la conquête de ces mondes nouveaux. Cependant que mon corps restait aux côtés de mon peuple sur les terres écarlates et noires des Dranei, j’apprenais à projeter mon esprit dans les abysses de l’Enfer sinueux, poussé jusqu’aux limites de la démence par les murmures confus que je percevais. Il me semblait que je courais vers une mort certaine, je répétais pourtant inlassablement ces voyages jusqu’au jour où, libéré totalement de ma substance corporelle, je compris le sens des paroles chuchotées...
Je pus enfin parler à la mort...
La religion des orcs est depuis toujours fondée sur le culte des ancêtres. Alors que tous les orcs de la Horde étaient persuadés que leurs aînés veillaient sur eux et les guidaient depuis les profondeurs d’un royaume de l’au-delà, je tenais pour ma part ces croyances pour des légendes sans fondement réel. Je découvris en pénétrant l’Enfer sinueux que l’esprit des morts continue en effet son voyage, et vagabonde, flottant aux vents des astres de l’entre-deux mondes. Je constatai que les esprits continuaient après leur mort d’observer leur clan en silence, dans l’espoir de trouver un jour une échappatoire à leurs tourments éternels. Je compris alors que ces esprits pourraient être utiles à celui qui saurait leur imposer sa volonté.
Les années passèrent. Kil’jaeden avait fait de moi le plus puissant des Sorciers que les clans aient vu depuis des générations. J’étais un chef très respecté au sein de la Horde, mais comme toujours, de fortes tensions opposaient les clans. Les Dranei anéantis, les fous de guerre n’avaient plus rien à se mettre sous la dent. Après des siècles de guerres et de violence, nous avions fini par conquérir la totalité de notre monde. L’anarchie régnait désormais sur les clans qui n’avaient plus ni ennemis à combattre ni territoires à conquérir. Le moindre désaccord entre deux clans se réglait par de violentes batailles pour se terminer dans un bain de sang. Les chefs qui se risquaient à prendre les choses en main ne tardaient guère à se faire occire par une escouade d’orcs.
Je sus que le moment était venu pour moi de revendiquer le pouvoir que j’avais si longtemps négligé. Je m’empressais de rassembler les rares Sorciers qui avaient fait preuve d’une once de passion et montré qu’ils possédaient l’ambition de s’élever au-dessus des querelles mesquines des clans déchirés. Je transmis à ces seuls Sorciers la connaissance des morts et leur inculquais les secrets rituels de communion avec les esprits de l’Enfer sinueux. Certains d’entre eux, incapables de maîtriser pareils pouvoirs, ne purent y survivre. Ensuite un pacte fut conclu entre les membres de notre cercle et les esprits des ténèbres que nous avions appris à invoquer. Il fut décidé que mon rôle consisterait à manipuler les volontés, alors que les autres Sorciers seraient protégés contre les caprices des masses assoiffées de sang. Ainsi naquit le Conseil des Ombres.
Il suffit de quelques mois pour que le Conseil des Ombres infiltre les institutions politiques des orcs. Rien de ce qui survenait au sein de la Horde ne nous était inconnu, et de nombreux événements étaient de notre fait - si intelligemment planifiés que les chefs des clans eux-mêmes ignoraient tout de nos manipulations. En six mois nous avions atteint le contrôle total de tous les rouages internes de la Horde. Pourtant, derrière nos machinations secrètes se profilait l’ombre du silencieux et odieux Démon Kil’jaeden. Dans le dessein d’élargir nos pouvoirs surnaturels, je créais une nouvelle école de magie, la nécromancie, et commençai à former de jeunes Sorciers aux arcanes de la vie et de la mort. Une nouvelle fois sous la tutelle du Démon Kil’jaeden, ces Nécrolytes se plongèrent dans les abîmes de la magie noire jusqu’à ce qu’ils aient acquis assez de pouvoir pour animer et contrôler les cadavres. Chaque victoire, chaque succès pourtant, laissait en moi un vide que je ne pouvais combler. Je réalisais alors que le Conseil des Ombres ne pourrait servir mon dessein que dans une certaine mesure, et qu’il me faudrait bientôt conquérir une force plus puissante encore pour réaliser notre destinée [...]